14.05.2011
Du marché de gros à l’auditorium
«Bouton sur le nez». C’est le tag qui marche! Pas un jour sans que quelqu’un, tourmenté par l’acné, ne se connecte sur Animula à cause de lui. Tout ça parce qu’un jour de décembre 2007, j’ai mis une photo de narine enflammée sur une note au sujet de Leonora Carrington. Moi qui était persuadée d’attirer les internautes avec mon art brut! Je tombe de haut. Enfin, toutes les raisons sont bonnes de venir chez moi!
Et comme je me suis fait peur en me regardant dans mon miroir ce matin, je vais pas tarder à vous parler des rides pour changer. C’est sûrement un thème très populaire aussi. Si on en croit les commentaires à propos du temps qui passe.
Sur le marché de gros du quartier de La Tourtelle à Aubagne, j’ai relevé par exemple cet hommage un peu nostalgique d’une diva de l’art singulier à la critique chevronnée : «Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, Laurent Danchin est le référent intellectuel premier et principal, en matière d’art brut et singulier en France. Il est certes celui que nous, les anciens, reconnaissons le mieux!». Danielle Jacqui, puisqu’il s’agit d’elle, s’est aperçu qu’elle connaissait ce «grand spécialiste en art» depuis «plus de vingt ans».
Sur son blogue : Vers un colossal d’art brut où elle relate la visite de Laurent Danchin à ses «préfigurations», elle en profite pour lui demander d’animer «une rencontre conférence-débat» pour «éclairer les opinions sur le projet ORGANuGAMME». Et elle précise : «Il n’a pas dit non». Souhaitons qu’il dise oui car j’avoue que ce projet «colossal» m’est un peu opaque, à moi aussi…
Projet Gare d'Aubagne
Laurent Danchin est prévu par ailleurs au programme de deux journées-cinéma qui auront lieu le vendredi 3 et le samedi 4 juin 2011. Le Festival de Cannes à peine terminé, ce sont les 14e Rencontres Hors-Champ de Nice qui commencent. Reportez vous ici pour connaître le détail.
Pour ma part, je suis très curieuse de ce film de 17 minutes sur Charles Pecqueur d’un réalisateur dont j’ignore tout : Ferdi Roth. J’aime en effet ce créateur (sur lequel peu d’info circule) au point de lui avoir consacré un album diaporamesque ici-même il y a longtemps.
A Nice, Jean-François Maurice et Jean-Michel Chesné présenteront, de leur côté, un documentaire consacré à Marie Espalieu. Cela tombera à pic puisque les deux complices sortent ces jours-ci un numéro spécial de la revue Gazogène pour cette dame de la terre lotoise qui attira le regard de Robert Doisneau grâce à ses sculptures rustiques-animalières.
Le numéro est sous-titré L’Esprit des branches, ce qui me ramène à ma récente chronique sur les folies de l’amandier. Si ça se trouve, il est déjà en vente à la Halle Saint-Pierre mais on peut aussi le commander chez Valérie Rapaud, une libraire de Cahors. Parmi les auteurs, j’aperçois des noms qui ne me sont pas inconnus : Denis Lavaud, ex-fanzineur, Joe Ryczko, actuel blogueur, Benoît Decron, conservateur du musée Soulages et Jean-Michel Chesné qui a réalisé la maquette.
01:21 Publié dans Blogosphère, Ecrans, Gazettes, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, marie espalieu, jean-françois maurice, jean-michel chesné, gazogène, joe ryczko, denis lavaud, art singulier, danielle jacqui, laurent danchin | | Imprimer | | |
08.05.2011
Turin, Lausanne, Gugging : un trio d’expos
Je cause, je cause, souvent pour ne rien dire. Je ferais mieux de garder un œil sur le calendrier plutôt que de tchatcher. Voilà que j’ai loupé le vernissage de la Galleria Rizomi. Même si je ne pouvais vraiment pas être à Turin vendredi dernier, j’aurais pu vous le signaler pour le cas où. Enfin, vous avez jusqu’au 5 juin pour aller vous baigner dans l’ambiance tout à fait «mortelle» de Giovan Battista Podesta. J’emploie cet adjectif à cause du beau carton d’invitation mais il y aurait beaucoup d’autres choses à dire à propos de ce peintre-modeleur-décorateur dont les hippies des années de jeunesse à mon daddy aimaient les couleurs vives et les messages de vieux sage.
Par exemple, ce commentaire que j’emprunte au dit carton et qui nous éclaire sur le goût des costumes chamarrés de Podesta quand il accompagnait, à leur dernière demeure, ses concitoyens récemment décédés : «Fermato dai passanti incuriositi da barba e capelli lunghi, dal bastone scolpito con le stazioni della sua vita e da una cravatta decorata con becchini (squelettes) e scheletri (fossoyeurs) Podestà si preparava ad accompagnare ogni defunto di Laveno nel giorno della sua dipartita».
Pour rester dans le domaine italo-inspiré et parce que je suis encore dans les temps, je vous rappelle -parce qu’étourdis comme vous êtes vous l’avez peut-être oublié- que jeudi 12 mai 2011 à la Maison-mère sise à Lausanne c’est le vernissage du Colonel Astral, autrement dit Fernando Oreste Nannetti dont je vous ai déjà tout dit le 15 novembre 2009. Ce «diariste extravagant», comme l’appelle le dépliant invitatoire de la Collection de l’Art brut, a créé toute une épopée murale à la pointe d’une boucle.
Ces textes gravés qui font penser à de l’écriture étrusque seront présentés avenue des Bergières juqu’au 30 octobre 2011. On n’a pas pu transporter la cour de l’hosto psy de Volterra en Toscane où Nannetti a œuvré dans les salles de Château Beaulieu mais il y aura des fragments en fac-sim et des photos. Un catalogue contiendra un panorama de 7 mètres montrant le toutim et I graffiti della mente, le film de Pier Nello Manoni, le réalisateur-photographe à l’origine de cet hommage. Parmi les auteurs des textes, mon curseur s’est arrêté sur les noms de Lucienne Peiry, de l’écrivain Antonio Tabucchi et sur celui de Vincent Capt du collectif de recherche dénommé CrAB.
Pour compléter ce bouquet d’expos recommandables -animulatiquement parlant- comment se priver d’une floraison viennoise? Gaston Chaissac ! (avec un point d’exclamation s.v.p.) montre au Gugging Museum, jusqu’au 25 septembre 2011, une grosse centaine de dessins, collages, peintures, sculptures et totems du peintre-épistolier. «Zeitlebens war Chaissac nicht in der Lage, seinen Lebensunterhalt durch sine Kunst zu bestreiten» nous dit le dépliant qui présente cette expo. Grosso modo : «Durant toute son existence, Chaissac n’a pas été en mesure de gagner sa vie avec son art». C’est peut-être aller un peu vite et ne pas tenir compte des efforts de ses marchands, Iris Clert et Cordier-Ekstrom notamment.
Mais le Gastounet n’était pas toujours, sans le faire exprès, des plus coopératif. En bonus, au Novomatic salon (?), on nous promet une cinquantaine de travaux sur papier encore inédits car provenant d’Annie Chaissac. Parallèlement à la Galerie Gugging est annoncée aussi une «Einladung» où Chaissac est associé à d’autres artistes qui n’ont en commun que d’être français.
Organisée avec le concours de 3 galeries, respectivement parisienne, anglaise et suisse. Le vernissage est le 26 mai et elle durera juqu’au 2 octobre 2011. Elle s’intitule : Vive la France !
Bon, je vous quitte car ça me fait penser à mes pommes de terre frites.
17:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, giovanni battista podesta, fernando oreste nannetti, gaston chaissac, gugging, galleria rizomi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
28.04.2011
Tête de brigand mise à prix
Piqûre de rappel au rayon art populaire. Une bonne dose dans ma boîte ce matin. Le catalogue de la vente Martine Houze dont je vous ai parlé le 10 avril dernier. Par chance, la factrice s’était levée avec les poules. Sacré bel objet. Vous pouvez vous contenter de le consulter sur le site de l’expert mais cette version papier, ce serait dommage de vous en priver. Là, j’ai pas le temps, alors je me contente de vous reproduire une image tout à fait dans vos cordes.
Mais sachez aussi qu’il y a des tas de pièces brillantes, curieuses, émouvantes dans ce catalogue qui témoigne de l’intérêt passionné de l’expert pour des productions paysannes délicieusement «terre à terre», tels ces pièges à assommer les rats si ingénieux qu’on dirait des outils fabriqués par les Inuits.
Sur le plan de la langue, on se délectera aussi de la lumineuse précision des descriptions accompagnant les images. Style : «Sculpture d'art brut façonnée dans un tronc d'arbre fruitier. La bouche comporte une dentition naturelle. Les yeux en verre bleu apparaissent dans les fentes d'un loup. Le front ceint d'une cartouchière en cuir garnie de quelques plumes et d'une matière rose».
00:25 Publié dans Encans, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, art populaire, martine houze | | Imprimer | | |
13.04.2011
Puzzle et Caboches
La Galerie du marché exagère. Premièrement elle était fermée quand je suis passée en août dernier à Lausanne et je n’ai pu que la capturer avec mon petit kodak.
Et deuxièment elle ne nous gratifie que d’un timbre poste sur son site annonçant son actuelle exposition Caboches. Heureusement sa direction est bonne fille et elle a bien voulu m’expédier du lourd dont cette image de Paul Duhem qui nous a fait une tête comme une cafetière.
Caboches c’est trop tard pour le vernissage mais c’est jusqu’au 28 mai 2011. Pensez-y donc !
Puzzle en revanche ça urgeotte.
C’est jusqu’au 17 avril 2011 à Turin à la Galleria Rizomi.
Et puis basta.
00:11 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem, galerie du marché, franz karnbeis, galleria rizomi | | Imprimer | | |
10.04.2011
Ventes et brocantes printestivales
L’histoire retiendra que cette année, l’été des brocantes a suivi, sans temps mort dû à des printemps pouraves, l’hiver mauvais pour notre facture de gaz. L’histoire d’Animula bien sûr, sur laquelle se penchent –ou se pencheront bientôt– les chercheurs d’avenir. Tout ce bla-bla pour vous dire que votre petite âme errante s’est trouvée récompensée de s’être levée aux aurores puisqu’au déballage du boulevard Voltaire elle a trouvé pour moins de 10 thunes l’affiche du Monde d’Alphonse Chave
qu’elle s’est aussitôt fait taxer par son rapace de daddy adoré qui ne possèdait que le catalogue de cette expo historique (tout est «historique» chez moi en ce moment) à l’ELAC de Lyon.
Pour me consoler, je me suis replongée dans l’historique» et si printanier numéro d’Area 24 (Art, folie et alentours) qui fait sa petite part à Chave page 183. Et puis je me suis tournée avec mon petit sac à dos vers d’autres chineuses réjouissances à venir.
En cet été d’avril 2011, promesses de ventes publiques intéressantes dans votre panier! Deux exemples qui tutoient mon petit domaine de prédilection. Mercredi 20 avril 2011 à Drouot-Richelieu, Monsieur Maurice Imbert, éminent pataphysicologue et rené-drouinophile, sera l’expert des livres qui défileront dans la vente Kahn-Dumousset à la salle 6.
On est tout de suite alertés dans le catalogue par la présence du mot Art brut placé en vedette au fronton de certaines descriptions. Les numéros 5, 6, 7 sont particulièrement juteux. Ratez donc pas le début de la vente à 14 h. Pas de mal de choses proposées car ça passe en lots.
Parmi elles : Honneur aux valeurs sauvages, le catalogue de l’expo Cinq petits inventeurs de la peinture (1951) à la Librairie Marcel Evrard de LILLE (pour ceux qui ne pensent qu’à cette ville). Les catalogues Sculptures de Krizek, Miguel H (Hernandez) de L’art brut chez René Drouin. Et, plus coton à trouver, celui intitulé Les Statues de silex de Monsieur Juva qui ne fut même pas imprimé mais ronéo-bidouillé.
Pages 12 du catalogue de la vente K-D du 20 avril, les friqués trouveront encore le mythique Ler dla campane (Noël 1948) d’un Dubuffet alors fondu de la gravure sur boîte de camembert. Estimation : 4/5 mille tout de même!
Encore plus prometteur, la Gazette de l’Hôtel Drouot du 8 avril 2011 (n°14) nous en fait une pleine page à fond noir sur la prochaine vente de Martine Houze expert qui aura lieu le vendredi 6 mai 2011 à Drouot-Riche sous le marteau du maître Ferri. On nous promet des Curiosités et de l’Art populaire (dans cet ordre là). Et certaines des repros nous font déjà saliver : canne sculptée, fauteuil de sorcier (du moins j’imagine, mais on peut rêver, non?), tête en bois du genre marotte pour présenter les chapeaux.
Rien encore sur le site du commissaire-priseur mais allez donc sur celui de Martine Houze.
14:15 Publié dans Encans, Glanures, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, alphonse chave, rené drouin, art populaire, martine houze | | Imprimer | | |
05.04.2011
Hongrie à la folie
Et tant que vous y êtes, avant de vous pointer à Villeneuve d’Ascq, faites donc un détour par la Hongrie, je veux dire par Bruxelles. Je vous avais déjà parlé l’année dernière en septembre des œuvres de la collection de l’hôpital psy de Pécs. Et bien voilà que pour la première fois, elles sont montrées hors de Hongrie. Où ? Mais au musée d’Art & Marges, naturellement.
H.Zs. (1943-ca 1970-1980)
J’emprunte au joli dépliant imprimé pour l’occasion une courte description que vous trouverez aussi en anglais et en français :
«De werken afkomstig uit de collectie van de psychiatrische instelling vans Pécs (Hongarije) worden voor het eerst tentoongesteld buiten Hongarije. Professor Camillo Reuter, de eerste directeur van de psychiatrische instelling, verzamelde tussen 1918 en 1945 meer dan 2000 tekeningen van schizofrene en manisch-depressieve patienten. De tentoonstelling is een pakkend overzicht van bijna een eeuw asielkunst uit Hongarije».
J. A. (1880-1946)
L’exposition d’Art & Marges a pour titre : Hongrie à la folie et pour sous-titre : Œuvres de la Collection Reuter de Pécs. Elle durera environ deux mois et se terminera le 5 juin 2011.
F. I. (1886.?-1932/1933)
00:04 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut hongrois, collectionreuter de pécs, art & marge musée | | Imprimer | | |
27.03.2011
Art psychopathologique : 60 ans après ?
«Le 24e numéro de la revue area questionne la notion de la folie dans l’art, en s’intéressant à ce que la folie permet d’apprendre sur l’art» (pré-sommaire). Area n’est pas seulement une revue, c’est aussi une galerie située près des Grands Boulevards dans le cœur historique de Paris.
A l’occasion de la sortie de ce numéro important, cette galerie s’associe avec le Centre d’Etude de l’Expression du Groupe hospitalier Sainte-Anne pour une exposition intitulée 60 ans après?
Cette exposition se présente comme la «Reconstitution de l’Exposition internationale d’art psychopathologique de 1950». Concernant l’exposition de 1950, on peut lire l’ouvrage de Robert Volmat paru en 1955 : L’Art psychopathologique.
André Breton avait conservé un exemplaire de ce livre dans sa bibliothèque.
C’est tout dire.
Rendez-vous au vernissage d’area jeudi 31 mars 2011 à 19 h.
"Il numero 24 della rivista area esplora il concetto di follia nell'arte, concentrandosi su cio' che la follia permette di imparare sull'arte" (pre-sommario).
Area non è solo una rivista, ma anche una galleria poco distante dai Grands Boulevards, nel cuore storico di Parigi.
Approfittando della pubblicazione di questo numero importante, la galleria ha organizzato con il concorso del Centre d’Etude de l’Expression du Groupe hospitalier Sainte-Anne una mostra intitolata 60 ans après ? (60 anni dopo ?) che tende a essere la ricostituzione della Mostra internazionale d'arte psicopatologica del 1950.
Sull'evento del 1950, si puo' leggere il libro di Robert Volmat edito nel 1955 : L'Art psychopathologique (L'Arte psicopatologica), di cui André Breton -fatto sintomatico- aveva conservato una copia nella sua biblioteca.
Appuntamento al vernissage di area, dunque, il 31 marzo 2011 alle ore 19.
Traduction Michel Scognamillo
"The 24th issue of the journal area questions the concept of madness in art, focusing on what madness can learn about art" (pre-summary).
Area is not just a magazine, it's a gallery near the Grands Boulevards, in the heart of historic Paris.
To mark the release of this important issue, this gallery is associated with the Centre d’Etude de l’Expression du Groupe hospitalier Sainte-Anne for an exhibition entitled 60 ans après ? (60years later?). This exhibition presents itself as the "Reconstruction of the International Exhibition psychopathological Art at Sainte-Anne Hospital in 1950"
For exposure of 1950, read the book by Robert Volmat published in 1955 : L'Art psychopathologique (The psychopathological Art). André Breton had retained a copy of this book in his library. That says it all.
Rendezvous at the opening of area Thursday, March 31, 2011 to 7 pm.
Traduction gouguelissimo
16:43 Publié dans Expos, Gazettes, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : galerie area, revue area, art psychopathologique, art brut, hôpital sainte-anne, robert volmat, andré breton | | Imprimer | | |
26.03.2011
Area, folie et alentours
Jeudi soir c’était le lancement de la fusée Area 24. Votre petite âme errante était sur le pas de tir : la librairie L’Atelier, rue du Jourdain. Un nom idéal pour le baptême du numéro Art, folie et alentours auquel je souhaite une carrière d’enfer.
Pas mal de gens, attirés là par la photo du flyer invitatoire qui reprenait la couverture de cette livraison printanière d’une luxueuse -mais pas chichiteuse- publication dont je kiffe le programme : «l’art pense le monde».
I positively adore ce portrait d’une mamie souriante (Melina Riccio), coiffée d’une marotte dont les grelots sont des fleurs. Aux antipodes de cette caricature du schizo dangereux dont la propagande sécuritaire nous gave depuis 2007 en France!
Mais je m’énerve et pour me calmer, je me suis offert en zakouski le petit dernier de Jean-Pierre Verheggen : Poète bin qu’oui, poète bin qu’non?
D’où j’étais placée, j’avais un œil sur le chandail chiné d’Alin Avila, dirlo de la revue et modérator de la soirée et l’autre sur le profil d’Hélène Giannecchini, première main de son équipe sur ce chantier «de l’art et de l’Art brut».
Les art-thé-rapeuses étaient venues en force, les CrABichettes aussi. Parmi ces dernières, Pauline Goutain pétillait d’entrain. On la retrouvera le 31 mars au séminaire Art et folie à l’INHA. Un grand collectionneur fit une apparition mais les keums étaient minoritaires. Michel Nedjar heureusement était en verve. «Chacun détrônait la théorie qu’on avait sur l’art brut» dit-il en évoquant les créateurs successivement rencontrés par L’Aracine Canal historique.
Et j’ai applaudi ça. Bref, ça partait dans les tous les sens et on risquait de perdre de vue le fret embarqué dans la fusée sous diverses étiquettes : art à l’hosto, valeurs du brut, surréalisme, expos fondatrices, collections, perspectives lameuses, rôle de la Halle St-Pierre, jardins d’art brut, fanzines, marché etc.
Perdre de vue aussi la diversité de l’équipage de ladite fusée : scientifiques, psys, grosses têtes musclées sur le sujet, artistes et/ou créateurs parmi lesquels Oreste Fernando Nannetti, André Robillard, Charles AA Dellschau,
Richard Greaves, André Pailloux, Alain Ruault, Unica Zürn, Giovanni Bosco
Franchement c’est si riche que j’aurais pas aimé être à la place de Mr Avila ce soir-là. Mais c’est le genre de pilote aussi capable de recentrer un débat (quand il part en sucette) qu’il est habile à dompter une matière rédactionnelle emballée. Il n’a pas son pareil pour débusquer candidement la langue de bois. Aussi a-t-il obtenu, avec un plaisir visible, la substantifique moëlle des oratrices de la tribune : Céline Delavaux et Anne-Marie Dubois. Un tel regard, bienveillant mais pas complaisant, c’est fou comme le petit monde de l’art brut en avait besoin sans s’en rendre compte. Il lui fallait pour cela un témoin extérieur. C’est pourquoi le n°24 de la revue Area fera date.
Rassemblant des «voix autorisées» qui se crêpent parfois le chignon en famille, il aura un impact fédérateur. Il est lancé à un moment où le public cherche à faire le point sur «plein de territoires un peu compliqués» constituant l’espace brut. Un vade mecum sur papier lilas avec des dates et un lexique l’y aidera.
Pour le reste c’est la méthode Avila qui fait son office. Des contributions informées mais légères. Pas de casse-croûte. Sont privilégiés les entretiens qui laissent la parole aux acteurs.
Et des fois, c’est pas triste. Une interview inédite de Madeleine Lommel (Rouspéter dedans!) contient par exemple ce jugement vachard mais juste: «ce qui était la force de l’Art Brut c’était son intimisme. C’est devenu branché».
18:35 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : revue aera n°24, art folie et alentours, alin avila, art brut, melina riccio, jean-pierre verheggen, hélène giannecchini, pauline goutain, michel nedjar, madeleine lommel, claire teller, l'aracine, oreste nannetti, charles aa dellschau, giovanni bosco, céline delavaux, anne-marie dubois, eva di stefano, roberta trapani, crab | | Imprimer | | |
17.03.2011
Friedrich Schröder-Sonnenstern à NYC
Bon d’accord, il a un nom impossible mais ce n’est pas une raison pour ignorer Friedrich Schröder-Sonnenstern. Une exposition commence qui va montrer jusqu’au 30 avril 2011 une trentaine d’œuvres (ce qui n’est pas rien) de ce si extraordinaire artiste allemand à la vie non moins extraordinaire (du moins pour ce qu’on en connaît car il a eu le don de brouiller les pistes).
C’est dans l’Upper East Side de New York, exactement au 4 East 77 th Street, à la Galerie Michael Werner. On nous promet du beau, on nous promet du neuf : beaucoup de ces œuvres «are exhibited for the first time anywhere» nous dit le site de la MWG.
Il y a donc des chances pour que ce soit un événement. Un catalogue que l’on nous dit «fully illustrated» accompagne l’expo. C’est tant mieux car la doc sur ce peintre ne court pas les rues.
On trouve des catalogues en allemand
en italien
en japonaispubliés au XXe siècle. Pas grand chose en français ou même en anglais.
Comme le parcours de Schröder-Sonnenstern est du genre compliqué, jalonné d’épisodes psychiatriques, d’escroqueries diverses, de vagabondages et d’arrestations, je renonce à vous le résumer. Le plus simple est de vous reporter à la page carrément copieuse qui le concerne dans le catalogue Sous le vent de l’art brut actuellement en vente à la Halle Saint-Pierre of Paris.
Et si vraiment, vous ne pouvez pas vous offrir NYC en ce moment, vous pourrez voir là une non négligeable sélection schröder-sonnensternienne en provenance de la Collection Charlotte Zander.
00:13 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : friedrich schröder-sonnenstern, art brut, galerie michaël werner, halle saint pierre | | Imprimer | | |
14.03.2011
Giovanni Bosco : le berst of
«Come stai, anch’io, la ringrazio, possiamo darsi del tu, posso presentarti il moi amico… »
Sans vouloir faire ma bidochonne de jet tours, je vous dirai que je me suis replongée dans mon lexique de poche français-italiano. C’est qu’il y a urgence : les cousins de Sicile vont arriver d’un moment à l’autre à Paris. Eva di Stefano en tête et les membres du collectif ZEP, Tore Bongiorno et Claudio Colomba. Tous ont fait beaucoup (et continuent à faire) pour la mémoire de Giovanni Bosco et la promotion de son œuvre.
En synchronie avec les amis et admirateurs français du peintre auxquels votre petite âme errante se flatte d’appartenir, à côté de celui qui eut l’intuition de son appartenance à l’art brut : Boris Piot. Je vous fait grâce des détails. L’histoire pathétique et merveilleuse de Giovanni Bosco a, depuis plusieurs années déjà, débordé du cadre de Castellammare del Golfo, sa ville natale. Elle est bien connue des Animuliens et elle rayonne très loin au delà de ce cercle désormais. En Suisse, aux Etats-Unis et même en Chine.
Les petits nouveaux qui débarquent peuvent se faire un replay sur mes lignes. Et courir, jeudi 17 mars 2011, à la Galerie Chritian Berst, pour le vernissage (18-21 h) de l’exposition Giovanni Bosco, dottore di tutto. C’est la première fois à Paris que les amateurs du genre vont pouvoir faire entrer ce grand cas d’art brut dans leurs collections.
C’est dès l’origine que Christian Berst s’est intéressé à l’œuvre de Giovanni Bosco. A une époque où nulle autorité, nul «spécialiste» patenté n’étaient encore venus lui donner leur bénédiction. Et comme Christian Berst a le défaut d’être opiniâtre, il n’a eu de cesse de réunir une belle sélection de ces dessins sur papier qui occupaient la vie de Giovanni Bosco au même titre que les fresques qu’il réalisait sur les vieux murs de son quartier.
Je crois que le galeriste n’est pas mécontent aujourd’hui de présenter au public (jusqu’au 23 avril 2011) le résultat de sa patience. On ne saurait lui en vouloir. Le carton d’invitationest une synthèse et un cri.
Un condensé de formes-fétiches de Giovanni Bosco : cœur-tête, personnage élastique, gros muscle exhibé. Le tout trempé dans un bain de lettres en quête de sens. L’imbrication des éléments, cernés d’un trait épais, s’opère sur le mode d’une bouche ouverte dans le rouge palpitant. Ce peintre en a gros sur le cœur et il nous le communique avec une véhémence effroyable et résignée.
00:05 Publié dans art brut, Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : giovanni bosco, art brut, art brut sicilien, castellammare del golfo, galerie christian berst | | Imprimer | | |